Alors que la France a dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ© la suppression de l’entrĂ©e en classe de 6e en fusionnant le CM2 et la 6e dans un « cycle de consolidation », une question se pose de plus en plus au SĂ©nĂ©gal : faut-il suivre le mĂȘme chemin ?

Dans un systĂšme Ă©ducatif sĂ©nĂ©galais confrontĂ© Ă  des taux d’échec Ă©levĂ©s, des ruptures pĂ©dagogiques brutales et une transition difficile entre l’école Ă©lĂ©mentaire et le collĂšge, la suppression de l’entrĂ©e formelle en 6e pourrait constituer une piste sĂ©rieuse de rĂ©forme.

image 21 - 🎓 RĂ©forme de l’école : Faut-il supprimer l’entrĂ©e en 6e au SĂ©nĂ©gal comme en France ? (Par Pape Cheikh Fall).

🎒 Une transition souvent chaotique

Au SĂ©nĂ©gal, le passage en 6e reste un cap dĂ©licat pour des milliers d’élĂšves. Changement d’environnement, nouveaux enseignants, multiplication des matiĂšres, mĂ©thodes d’évaluation diffĂ©rentes
 Pour beaucoup, c’est un saut brutal plus qu’une progression naturelle.

Selon plusieurs Ă©tudes menĂ©es par des syndicats d’enseignants et des ONG Ă©ducatives, la rupture pĂ©dagogique entre le CM2 et la 6e est l’un des facteurs majeurs de dĂ©crochage scolaire en dĂ©but de collĂšge, notamment en milieu rural.

đŸ‡«đŸ‡· Ce que la France propose

En France, le gouvernement a proposĂ© une rĂ©forme qui vise Ă  fusionner le CM2 et la 6e dans un mĂȘme cycle, appelĂ© « cycle de consolidation ». L’idĂ©e est de crĂ©er plus de continuitĂ© entre l’école primaire et le collĂšge, avec des enseignants qui collaborent sur les mĂȘmes programmes et un encadrement plus souple des Ă©lĂšves.

L’objectif ? RĂ©duire les inĂ©galitĂ©s, mieux accompagner les Ă©lĂšves fragiles et attĂ©nuer la cassure entre deux univers scolaires trĂšs diffĂ©rents.

📚 Et au SĂ©nĂ©gal, pourquoi ce serait pertinent ?

Plusieurs arguments plaident en faveur d’une adaptation de ce modĂšle au contexte sĂ©nĂ©galais :

  • Taux de redoublement et d’abandon Ă©levĂ©s dĂšs la 6e
  • Manque d’harmonisation entre l’enseignement primaire et moyen
  • Fracture linguistique : le saut vers un français acadĂ©mique plus poussĂ© dĂšs la 6e dĂ©stabilise bon nombre d’élĂšves
  • Infrastructures inĂ©gales entre les Ă©coles primaires (souvent communautaires) et les collĂšges publics

Selon Amadou Diop, inspecteur de l’enseignement moyen, « la suppression de l’entrĂ©e formelle en 6e pourrait permettre de repenser l’apprentissage comme un continuum Ă©ducatif, plutĂŽt qu’un enchaĂźnement de ruptures ».

⚠ Des conditions Ă  rĂ©unir

Mais pour qu’une telle rĂ©forme soit crĂ©dible, plusieurs conditions seraient indispensables :

  • Une meilleure coordination pĂ©dagogique entre enseignants de CM2 et de collĂšge
  • Des infrastructures adaptĂ©es pour accueillir des classes de transition
  • Une formation renforcĂ©e des enseignants Ă  l’approche par compĂ©tences sur deux niveaux
  • Un pilotage fort de l’État pour Ă©viter des disparitĂ©s rĂ©gionales

đŸ—Łïž Vers une Ă©cole plus fluide ?

La suppression de l’entrĂ©e en 6e ne doit pas ĂȘtre vue comme une simple mesure administrative, mais comme un levier pour repenser l’école sĂ©nĂ©galaise autour de la continuitĂ© pĂ©dagogique, de l’équitĂ© et de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

Alors que le SĂ©nĂ©gal s’engage dans une refonte progressive de son systĂšme Ă©ducatif, l’exemple français pourrait, s’il est adaptĂ© intelligemment, ouvrir la voie Ă  une Ă©cole plus fluide, plus inclusive et mieux arrimĂ©e aux rĂ©alitĂ©s nationales.

Pape Cheikh FALL

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