Et l’éthique, qu’est ce que vous en faites ?
Chers gouvernants, ressaisissez-vous.
« L’éthique, aujourd’hui. » Telle était le titre de la Leçon inaugurale de la rentrée académique 2005 – 2006 de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar du Juge Kéba MBAYE. Une leçon magistrale, exceptionnelle. Une leçon qui devrait être assimilée par chaque sénégalais dans son fort intérieur. Une leçon que chaque gouvernant, cadre, fonctionnaire, acteur politique, acteur économique doit mémorisée comme le coran ou la bible puis s’evertuer à l’appliquer car le sujet dont elle traite est essentiel, inséparablement attaché à la condition et à la dignité humaine.
Dans ce contexte marqué par la publication du rapport sur la gestion du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la COVID 19, qui révèle d’innombrables manquements aux règles élémentaires de bonne gestion, de transparence et de compétences administratives, la question de l’éthique de ceux qui nous dirigent doit revenir au centre du débat national.
Si vous aviez eu un comportement éthique, alors comment pouvez-vous agir ainsi ?
Comment pouvez-vous, au moment où les morts sont comptés par dizaine, agir ainsi ?
Ne savez-vous pas que l’argent ne sert qu’à satisfaire les besoins ; au-delà, il est inutile.
Vous vous êtes demandé ce que serait le Sénégal, si chacun faisait comme vous ?
Il est aujourd’hui mondialement reconnu que le problème majeur de nombreux pays africain constitue la mal-gouvernance et la corruption, ce qui renvoient à l’éthique.
Le juge Kéba MBAYE définissait l’éthique, ainsi : « Pour avoir un comportement éthique, il faut pouvoir accepter la pauvreté et la rigueur des règles déontologiques régissant tout ce qu’on fait. » Il ajoutait que « L’éthique devrait être adoptée par notre pays comme la mesure de toute chose. Car, accompagnant le travail, elle est la condition sine qua non de la paix sociale, de l’harmonie nationale, de la solidarité et du développement. » Enfin, il recommandait « d’adopter dans notre pays l’éthique, telle une règle de comportement, comme s’il s’agissait d’un principe général de conduite obligatoire pour tous sans exception. »
Dans sa conception de la bonne gouvernance, il affirmait que « Dans une économie qui se construit, pour une nation qui s’accomplit, au prix de tant de sueur, contre une nature capricieuse et un environnement hostile, il n’est pas exagéré de dire que certains délits contre les biens communs, parce qu’ils compromettent la vie économique de la collectivité, sont plus graves que bien des crimes. »
Si nous voulons faire émerger le Sénégal, très sincèrement, il est temps de remettre l’église au centre du village c’est à dire de restaurer solidement la valeur éthique, la bonne gouvernance, la transparence, l’amour de la nation, le droit et la justice, la solidarité nationale au cœur des faits et gestes de chacun d’entre nous et surtout chez ceux qui nous gouvernent. Il nous faut remettre la priorité à la qualité, au seul mérite, et à l’intérêt général. Chacun de nous doit agir de telle sorte que l’on puisse vouloir que la maxime de son action devienne un principe de législation universelle.
Si nous restons obnubiler et aveugler par les nouveaux maîtres que sont l’argent, le pouvoir, la force nous nous précipitons tous droit vers une vie de misérable.
Pour terminer, afin d’apercevoir l’émergence tant chantée par nos gouvernants, guérir notre pays de la mal-gouvernance, il est important d’adopter entre autres les recommandations du Juge MBAYE dans sa leçon inaugurale c’est à dire « ériger certaines règles éthiques fondamentales en obligations erga omnes, subordonner la loi aux commandements éthiques et la fonction de juger au seul droit et enfin légiférer dans tous les domaines pour imposer aux administrateurs comme aux administrés, des comportements éthiques.
En d’autres termes inventons un système qui ne récompensera désormais que la compétence, le travail et la probité.
Abdou Lahad Iba Gueye
Juriste
