C’est avec la plus grande humilité et dans le respect absolu, qui seul guide nos pas, que nous nous permettons, en tant que serviteur de la cité bénie, d’exprimer une profonde et urgente préoccupation concernant l’avenir de Touba.

​La ville ne grandit plus, elle explose, et les chiffres sont là pour le confirmer : si l’Hôpital Matlaboul Fawzeyni enregistre à lui seul plus de 21 000 naissances par an, le nombre total de nouveau-nés dans toute l’agglomération (Matlaboul Fawzeyni, Ndamatou, Touba Diemoul, Hôpital Cheikhoul Khadim, les dispensaires khaïra, Darou Marnane , les postes et cases de santé et les cliniques privées etc…) dépasse très largement les 100 000 naissances par an.

image 3 - Sénégal- Touba Mbacké : 100 000 Naisances par an , une bombe à retardement pour la cité religieuse? Par CHEIKH BABA OULD AHMED

C’est une bénédiction, mais aussi une marée humaine qui nous oblige à la prospective la plus radicale. D’ici 20 ans, cette immense cohorte de Talibés arrivera à l’âge adulte. Comment Touba verrait-il l’avenir de sa cité si ces enfants se heurtent à un mur ? La triste réalité est que, même si elle est la deuxième métropole du pays, Touba est laissée à elle-même, administrée de manière indigne de sa grandeur : un seul Sous-Préfet et une municipalité dont l’autorité exécutive est notoirement limitée, un Maire dont la principale mission est d’exécuter la volonté du Guide, sans forcément disposer de l’appareil technique nécessaire pour gérer un tel gigantisme urbain. C’est l’État qui est en défaut de service public. L’urgence est visible partout : 90% de la population sans état civil reconnu sont des fantômes légaux, des milliers d’enfants naissent chaque année sans existence formelle. L’État a déserté l’éducation, laissant le champ quasi-exclusivement aux écoles privées et aux Daaras, ce qui est une source d’inégalité profonde et nous garantit que 99% de cette jeunesse n’aura pas la formation qualifiante nécessaire pour une économie moderne. Elle est condamnée au commerce de subsistance ou à des métiers appris sur le tas, sans certification.

Même nos infrastructures de base s’effondrent ; la preuve en est l’échec des plus de 30 forages face à la pénurie d’eau, sans parler des inondations qui reviennent chaque année. Il n’est pas question ici de donner des instructions aux autorités, mais de soumettre humblement la conviction qu’il est temps de faire de Touba une Région Spéciale dotée d’un Gouverneur et d’une administration républicaine complète (Préfets, Services techniques), non pas pour contredire le Ndiguel, mais pour le servir techniquement et le rendre applicable à une population de cette ampleur.

Le Khidmat (service) à la cité exige que son administration soit à la hauteur de la vision du Fondateur. Notre point de vue est clair : l’absence de planification formelle transformera la bénédiction démographique de Touba en une crise sociale majeure pour tout le pays. Nous nous conformons cependant, à l’avance et sans réserve, au Ndiguel.

Par Cheikh baba Ould Ahmed

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