Animosité dans l’espace politique : Résistons aux démons de la déshumanisation.(Pr Modou Aissa SÉYE ).

Animosité dans l’espace politique : Résistons aux démons de la déshumanisation.(Pr Modou Aissa SÉYE ).
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Semble t-il que la politique telle que exercée aujourd’hui dans l’espace public renvoie moins à son sens étymologique : servir et gérer les affaires de la cité, qu’à une guerre de conquête que se livrent des bêtes sauvages au milieu d’une jungle pour leur survie.
Il n’y a rien de plus noble et de plus salutaire que de consacrer sa vie entière au service des hommes car servir les hommes c’est servir Dieu  » Quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » enseigna la Bible.Ce titre de serviteur est le grade le plus élevé décerné à un homme qui a passé toute sa vie, chargée de peines et de souffrances à servir Dieu et ses Hommes: Cheikh Ahmadou Bamba. De son terme le xidma ou service d’adoration, travailler pour se rapprocher de Dieu, devraient s’inspirer politiques et citoyens dans la gestion des affaires de la cité.Rendre le service public et politique en une forme d’adoration divine avec toute l’hygiène managériale et morale qu’il requiert, devrait être le premier attribut d’un leader.Cependant, à observer l’espace politique sénégalais, qui ressemble plus à une jungle où se livrent toutes les formes de batailles animales et cyniques, il est légitime de se demander si vraiment ces acteurs sont seulement animés du sens de vouloir Servir et rien que Servir le peuple.La modern-day politique sénégalaise est un monstre qui déshumanise, dénature, abrutit et corrompt l’homo senegalensis.

Des cîmes de la noblesse,de la sagesse et des affaires de gentleman et de démocratie,elle tombe dans l’abîme de l’animosité,du cynisme et de la dictature sous toutes ses formes.
Quand tous les coups, aussi vils qu’ils puissent être sont permis pour exécuter politiquement un Opposant,allant des appels à l’assassinat aux différentes formes de brimades et d’exactions qui lui sont infligées,faisant fi à tous ses droits fondamentaux constitutionnels, l’animosité se substitue à l’adversité démocratique.

Nous étions jusque là un peuple de tolérance,de paix et de justice.Ces fondamentaux, gages de la longue et traditionnelle stabilité sociale n’ont jamais autant souffert et été menacé par des attitudes d’individus qui bâtissent leur survie sur la calomnie,le mensonge,le vol et l’hypocrisie pour des fins crypto-personnels.

Ce qui est effrayant dans tout cela, c’est cette conquête silencieuse du monstre de la politique de nos espaces confrériques,qui furent jusque là le dernier refuge et gage de l’équilibre et stabilité sociale.Confréries et politiques ont longtemps entretenu des relations de convivialité et de respect mutuel.Nos khalifs sont les plus grands garants de la paix sociale car nous avons toujours été une communauté obéissante aux injonctions de ceux qu’on considère comme les voix de Dieu.Avant d’être politique,juge, avocat, magistrat ou ministre, nous sommes musulmans ou chrétiens tout court, appartenant à des couches sociales et religieuses différentes à qui nous prêtons une oreille attentive.Cependant,Cheikh Ibra Fall disait que « ce qui viole le champs viendra du champs » autrement dit l’envahissement de l’espace politique avec tout son cortège de cynisme et de conflits d’intérêts de certains hommes des cours confrériques et qui,appartenant à’un côté politique ou à’un autre et qui cherchent à manipuler l’information et les chefs religieux au guise de leur leader politique, participe à les décrédibiliser et les désacraliser.Nos guides religieux sont les traits-d’union des différentes familles politiques,ils sont les ponts qui relient tous les acteurs politiques de quelques bords qu’ils puissent appartenir.Le démon de la politique ne devrait jamais infesté ces cours où se terminent toutes les guerres sociales et politiques, où se desarmorcent toutes les bombes.
Dire que les frères de Serigne Mountaga lui poignardent le dos, c’est insulter l’hortodoxie mouride et essayer de semer la division et le doute dans la cour du Cheikh.La voie mouride repose sur le respect à l’injonction, pouvoir jusque là inhérent à la seule et unique personne du khalife.Ainsi,semble t-il que la modern-day politique chercherait à déboulonner les piliers fondementaux qui font la particularité de notre peuple et garantissent la paix et la stabilité sociales.

Cette conquête du monstre de la politique s’est même emparée de notre espace humain et humaniste.En effet, certains actes politiques nous installent dans les bas-fonds de l’ânerie et de la veulerie.Ils ôtent leurs auteurs de toute leur humanité.De la scène honteuse qui montre la brisure des vitres du véhicule d’un opposant par des forces censées garantir l’ordre et la sécurité à son interdiction arbitraire de ne pas tenir sa conférence de presse,chaque personne épris de justice et dotée de la plus petite parcelle d’humanité a senti son coeur se solidariser et se révolter.Ces scènes dignes d’un film hollywoodien ont fini de monter ce qu’est devenue la démocratie sénégalaise, précipitée vers les abîmes des républiques bananiéres.
Dans l’exercice du pouvoir politique,il est plus facile de commencer en démocrate,que d’en finir.Seuls les grands hommes qui rêvent de voir leurs noms inscrits dans les annales de la belle histoire de leurs pays cèdent sans verser la moindre goutte de sang ni de larme.Il y a toujours une vie honorable après le pouvoir.Cette culture de partir à temps sans abîmer la démocratie doit être enseignée aux dirigeants africains car,seul le pouvoir de Dieu est éternel.

Se réconcilier avec notre fibre humaine et humaniste,chasser et barrer la route au démon de la politique hors des cours regieuses,faire de la politique un devoir de service désintéressé rendu au peuple,combattre l’animosité et le cynisme politique, sont les gages d’une paix et d’une stabilité socio-politiques.Ne cédons pas aux démons de l’animalité qui infestent le pays politique.Et tuons les surtout avant qu’ils n’investissent nos cours religieuses.

Professeur MODOU AISSA Seye

Senejet

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